Carnet de bord du Capitaine

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Mardi 29 Mars 2005

Cinéma : "De Battre mon coeur s'est arrêté"  de Jaques Audiard - France

Écorché vif ...

 

Être un  adulte responsable, assumer ses rêves et ses passions  ... vaste sujet pour un fils rebelle et artiste enchaîné à son père par d'obscures affaires immobilières. Une heure après la fin du film, j'ai en encore des tressautements nerveux  : impossible d'arrêter d'en parler ! Filmé caméra à l'épaule, mon coeur ne s'est pas arrêté de battre mais il a été tout même été bien secoué. Jacques Audiard à la réalisation, Romain Duris dans le rôle du fils prodige : Du cinéma musclé, inventif,  émotionnellement gonflé aux hormones mâles ... du cinéma comme on l'aime, du cinéma ... tout simplement.  De la boite techno à la troisième Partita de Bach, des scènes coup de poing aux nocturnes de Chopin, si le mélomane que je suis attendait plus - mais il est très exigeant - le cinéphile, lui, n'en demandait pas tant  !! Il est naïf de croire qu'on devient pianiste concertiste comme ça, juste par envie, même si on en a le talent ... c'est quelque chose qui ne se commande pas. Mais aujourd'hui, dans nos sociétés bien huilées, bien cadrées - pour ne pas dire encadrées -  on en est là. Les artistes, pour la plupart, n'ont pas leur place. Ils restent des marginaux ou s'intègrent comme ils peuvent ... c'est malheureux mais c'est comme ça. Il leurs restera toujours le cinéma et ce genre de film qui parle d'eux avec talent. Merci Mr Audiard, Merci Mr Duris ... pour cette bouffée d'oxygène bien salutaire.

 

 

David

La note : ****

 

Cinéma : "Boudu"  de Gérard Jugnot - France

Sacré Boudu, j't'avais pas vu ...

 

Comme elle est belle la vie quand on la prend comme elle vient : pas de contraintes, pas de soucis, que des délires, que des plaisirs ! Après la version Renoir, la version Jugnot. Et pour le rôle de Boudu, c'est Depardieu qui si colle. Et "colle" est le mot juste tant il sied à merveille au personnage ... parce que pour coller, il colle vraiment, le père Boudu !  Sauvé de la noyade par Christian Lespinglet - Jugnot - il n'aura de cesse de lui piquer successivement sa bouffe, son foyer, sa femme, sa maîtresse ... et sa bonne humeur ! Sans compter qu'un Boudu, faut pas croire, mais ça fascine ... et pas qu'un peu mon n'veu ! La formidable Catherine Frot, en épouse délaissé, dépressive et alcoolique en sera pour ses frais et nous aussi, tant elle est épatante de drôlerie. Quand à Jean-Paul Rouve, égal à lui même, il n'a qu'un petit rôle mais sa présence, comme d'habitude,  est un plaisir. Jugnot fait du Jugnot, Depardieu du Depardieu et c'est tant mieux. Un petit film sympathique avec un petit scénario sympathique ... un gros diabolo menthe à siroter en agréable compagnie en attendant l'été ... Haaaa comme ça fait du bien ... ENCORE !!

 

David

La note : ***

 

Jeudi 17 Mars 2005

Livre : "Le dernier Mitterrand"  de Georges-Marc Benamou aux éditions : Pocket

A l'occasion de la sortie de l'excellent film de Robert Guédiguian Le Promeneur du Champs de Mars, les édition Pocket ressortent le livre qui a inspiré le film, Le dernier Mitterrand.  Faut-il le lire après avoir vu le film ? Clairement oui ! Magnifique au demeurant, le film ne peut rester que dans l'anecdote. Georges-Marc Benamou, confident du président au crépuscule de sa vie,  témoin respectueux et sincère, nous livre une oeuvre forte ou biographie rime avec mots d'esprits. Au fil des pages, on croise Michel Charasse, Roger Hanin ou Pascal Sevran, tour à tour confidents ou protecteur de l'Homme d'état. Un président goulafre à son dernier nouvel an, un Mitterrand combatif à sa dernière ascension de la roche de Solutré. Doté d'un talent littéraire évident, Georges-Marc Benamou nous dépeint un homme touchant et calculateur, bien plus humain que l'image d'Épinal qu'il laissa dans l'esprit de chacun à la fin de son règne; Et si les "affaires" - Le passé Vichyssois, les écoutes de l'Élysée, Mazarine ... -  sont abordés furtivement, c'est avant tout de l'homme Mitterrand dont il s'agit. Un homme malade, conscient de sa valeur historique et soucieux de l'image qu'il laissera à la France; Un homme espiègle, jovial et d'une intelligence redoutable qui, jusqu'au bout, aura voulu tout savoir, tout contrôler de la scène politique à sa terrible maladie. Un hommage émouvant, un témoignage important.

 

David

La note : ****

 

Mardi 15 Mars 2005

Bande Dessinée : "désœuvré"  de Lewis Trondheim aux éditions : L'association

Lewis est en crise. Il a 40 ans et 40 ans, pour un auteur de BD, ce n'est pas bon. Franquin était dépressif, Lelong s'est suicidé, Mancherot a disparu pendant 20 ans et Gotlib, n'en parlons plus, il ne fait plus rien !! Auteur connu et reconnu, Lewis doute. Est-ce possible d'être bon toute sa vie, de fournir toujours un travail honnête ? Ou commence le déclin, ou commence la routine ? Après 80 jours de "retraite", après avoir tué le héros de sa BD à succès Lapinot,   il n'en peut plus, reprend son stylo ... et nous livre ses réflexions. Du petit lait pour qui aime les histoires intelligentes, ou déductions et rires décrochent d'un dessin d'une précision et d'une finesse qui régale tout autant les yeux que l'esprit. Carnet autobiographique autant qu'essai philosophique, il rencontres successivement Bilal, Moebius, Joann Sfar - pour les plus célèbres - ce qui, vous en conviendrez, n'est pas pour nous déplaire !! Un livre rare, d'un auteur qui, nous l'espérons,  ne devrait plus l'être ... Quel chance !!

 

David

La note : ****

 

Lundi 07 Mars 2005

Cinéma : "Ray"  de Taylor Hackford - Etats-Unis

Ray Charles, musicien virtuose, créa un nouveau genre musical en mélangeant le Gospel aux rythmes enivrants des Jazzmans ; Il a fait jaser et nombreux n’hésitait pas à dire violemment que ce n’était que blasphème. Pourtant ce n’est en aucun cas ces faiseurs de gri-gri qui l'ont retenu… Mais pourquoi choisir le Gospel, cette musique sacrée qui de tout temps servait à implorer Dieu et exprimer la joie et la souffrance des Hommes ? Je crois que Ray comprendra très vite l’essence même de cette musique et puisera le maximum de ressources pour assumer son propre destin et la dureté de celui-ci. Il subira à la fois la pire condition pour un homme à cette époque : Il était noir, pauvre et sans père. Mais la fatalité n’arrête en rien son malheur. Il perd son frère et sa vue très jeune. Rien ne le guérira de ses deux tares et de cette avalanche de handicaps, qu'il ne comblera que grâce, avec et par sa musique. Malheureusement les histoires de grands Hommes et de génies de notre temps nous prouvent qu’il faut souvent des souffrances atroces pour offrir du génie. Et Ray Charles n’abrogera pas à la règle. Durant toutes ces années, il travaillera corps et âme et nous donnera des tubes et de l’émotion dans chaque note de son piano, dans chaque frétillement de sa voix. C’est ce qu’aura essayé de montrer Taylor Hackford dans cette vision cinématographiée de l’artiste. Un maître reconnu oui mais, un être humain torturé qui ne trouve que refuge dans la drogue, les Love Affairs et l’alcool. Le sourire de scène de Ray Charles qu’il ne penserait jamais brisé, se voit bafouillé par sa propre vie. Il se sentit souvent seul et même quand les projecteurs s’allumaient et que la foule hurlait, seul le noir total de sa couleur de peau restait, sans répit, pour toujours. Cette obscurité, il n’en sortira jamais et ne s’en ira jamais. Cette noirceur nous accompagnera tout au long du film et un peu trop à mon goût. Ray Charles n’était pas uniquement un aveugle suffoquant mais un maître du Jazz. Et ce film ne retrace en rien le mystère qui fait qu’on l’on devient un jour un génie. Seul une bande originale complète nous guidera dans son univers. Mais son travail, la manière dont il a appris à construire sa musique sera remplacé par les talents de la fée clochette et sa baguette magique.  C’est donc plein soleil que cette histoire mélancolique nous réchauffe le coeur par sa véracité et sa mise en scène. Et à coup sûr, la réincarnation du personnage que nous propose ici la justesse de Jamie Fox. Pourtant, pour ceux qui recherchent l’artiste avant l’homme dans ce film pour le moins ingénieux, ils prendront place comme Ray, pour un moment, dans son intime obscurité

 

Roselyne

La note : ****

 

 

De la musique avant toutes choses !!

 

Enfant pauvre dans le sud des Etats-Unis à la période de la ségrégation, le jeune Ray Charles n'a pas eu une enfance facile ... C'est son combat de tous les jours qui nous est livré ici, le combat terrible d'un homme en souffrance, d'un homme qui a mal parce qu'il se croit coupable de la mort de son frère, parce qu'il n'arrive pas à faire le deuil de sa vue qu'il a perdu tout jeune ... et par sa croyance totale en son immense talent pour la musique Jazz . La vie tourmentée de Ray, ses coucheries, ses beuveries, la drogue, mais aussi ses réussites, son ascension, sa fortune, c'est tout cela qu'interprète brillamment l'acteur récemment oscarisé Jamie Foxx, révélation du dernier film de Michael Mann Collatéral avec Tom Cruise. Véritable rôle de composition, il campe un Ray plus vrai que nature : Il aurait pu se borner à faire une imitation formelle du personnage, mais en le sondant dans les moindres recoins de son âme, fût t'elle emplit de démons, il donne corps à un homme plus subtil, plus sensible ...  L'autre force du film, réalisé tout en finesse par Taylor Hackford,  c'est d'avoir constamment mis  en avant la musique. Du Rythme ' n' Blues à la Soul Music, elle l'emporte toujours sur la dureté du propos, nous permettant d'être plus conscient, plus humain face au  terrible drame social qui se joue devant nous. Ouvrir les consciences, témoigner de la bêtise des hommes face aux multiples racismes (couleur de peau, religion, handicap) Un grand plaisir que de voir un si beau projet si vaillamment défendu ; A montrer à nos enfants et petits enfants, pour ne pas oublier ... tout simplement magistral !! 

 

David

La note : ****

 

Mardi 01 Mars 2005

Cinéma : "Je préfère qu'on reste amis"  de Éric Toledano et Olivier Nakache - France

Grand maigrichon au physique ingrat, il passe entre les murs et à travers la foule sans bruit et en toute discrétion dans Julie Lescaut comme si il n'existait pas ; il est d'ailleurs venu sur la pointe des pieds, petit à petit l'air de rien sur le grand écran. Avec Monsieur Batignoles, il prend du poids et grossit tant qu'il arrive même, dans le dernier film de Toledano-Nakache, à prendre autant de place que l'ogre Depardieu. C'est ÉNORME ! Nous voilà face à une révélation, une découverte merveilleuse ! Nous nous demandions quand la nouvelle génération de comédiens pourrait nous procurer de tel cures de fous rires, comme au temps du grand blond ou de cette ordure de père noël. Cette force de jeu s'additionne à celle de Depardieu qui s'adapte très bien au célibataire endurci en mal de vivre. Le scénario bateau, par contre, ne remonte pas la côte mais au total c'est une très bonne moyenne pour une comédie puisée dans cette réalité du quotidien qui est la nôtre : des mono foyer souvent isolé près à tout pour trouver l'âme sœur ; Pour nous, spectateurs, je pense que nous l'avons trouvée et c'est Jean Paul Rouve, né pour nous faire rire et bien parti pour nous accompagner dans cette nouvelle tranche de vie du cinéma français.

 

Roselyne

La note : ***


Duo de choc pour âmes  en peine ...

Dans nos sociétés standardisées, être célibataire : Quel galère !! Et ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé ... mais rien n'y fait : Jean-Paul Rouve et Gérard Depardieu alias Claude et Serge, rament, rament, rament sur le long chemin du célibat urbain. Et on ne peut pas dire qu'ils chôment, nos deux sympathiques compères : Du Speed Dating à l'agence matrimoniale, des squattes de mariages au rendez-vous galant, l'âme soeur tant recherchée ne pointe pas le bout de son nez ! Alors drôle, pas drôle ? Les situations comiques auraient pu être plus développées, plus rythmées et plus explosives; Le scénario plus fouillé aussi ... Mais les Toledano-Nakache, dans leur premier film, rattrape le tout par une réalisation heureuse et une direction d'acteur - et quels acteurs - inspirés; Le duo de choc Rouve Depardieu fonctionne à merveille et jouent avec un réel plaisir communicatif. Jean-Paul Rouve,  pour sa dégaine et son humour prince sans rire, devient  très attachant ... Il était déjà tordant de rire dans le rôle de Couscous dans la comédie podium,  il assume maintenant le premier rôle  ... on a hâte de découvrir les prochains !!  Alors, certainement pas l'oscar du meilleur scénario ni la comédie la plus féroce de l'année mais à coup sûr un bon moment à passer si possible en agréable compagnie : Une petite comédie aigre douce dans l'esprit des Woody Allen d'antan que l'on déguste avec un certain plaisir, c'est déjà pas si mal !!

David

La note : ***

 

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