Venise

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Venise, la romantique, tant convoitée pour les voyages amoureux et les lunes de miel. Telle une ville mythique pour avoir la chance d’être arborée de gondoles, de petits ponts et de ruelles aussi nombreuses ; elle est toujours prête à accueillir des amourettes platoniques, saisissant les quelques recoins tranquilles loin des touristes. Cette réputation, bien quelle soit flatteuse, limite sa richesse.

Au cours de l’histoire,  nombreux sont les vénitiens qui ont gravé et sculpté les murs et ses édifices, qui ont laissé une ombre, un fantôme dans chaque place, dans chaque église. Dès lors, Artiste ou pas, on le devient malgré nous. En vadrouillant sur la place St Marco et ses milliers de compagnons les pigeons, en visitant par curiosité les églises et les musées ou simplement en se baladant au bord des rives du grand canal, nous sommes entourés d’œuvres d’art. Rien n’est laissé au hasard, tout est travaillé, pensé et offert pour et à travers l’art. Je pense même que la ville en elle-même est un musée. Cette presqu’île transcende tous ceux qui passe par là. C’est en cela qu’elle est insolite. La grand musique de Monteverdi et de Vivaldi nous conduit à devenir musiciens, les madones de Bellini à se lancer dans la peinture. Vous en auriez trop dans la tête, il vous faudra témoigner de quelques manières que ce soit. Et après avoir esquissé des semblants de dessins, volé dans votre boite noire les lieux dits, vous n’en serait pas moins pourvu d’outils.  Même les scènes légendaires cinématographiques telle Sisi l’Impératrice, jouée par l’idyllique Romy Scheinder, traversant la basilique St Marc sous les cris répétés  de la « Mamma !! » ne suffiront pas pour dévoiler la magie de cette lagune, en vain.

Un univers de conte fées où seuls certains privilégiés peuvent accéder ? Un leurre. Direction l’aéroport Charles de Gaulle où je prends un billet aller-retour à neuf heure pétante pour moins de 100 euros sur une compagnie italienne ; je n’ai pas le temps de roupiller que le Stewart me demande de mettre ma ceinture pour l’atterrissage ; Arrivée 10-30 à l’aéroport Marco Polo qui se situe à moins d’une demi heure de ma chimère, ma cité aux palais, mon rêve…. Comme un coup baguette magique, je n’ai que mes yeux pour y croire. Je descends les marches enchantées de la gare Férrovia et déjà une déferlante de gondoles et de vaporetto remplacent nos bus sans charme ; Et face à  moi, une vue aveuglante où je me sens obliger de me pincer pour y croire. Aie ! Mais alors c’est bien vrai, c’est encore mieux que sur les cartes postales de ma cousine !

Seul mon sablier qui déposera son dernier grain dans J-7 est mon seul regret. Pourtant, princesse éphémère, je profiterai au maximum des magnificences de cet univers. Je visiterai un des plus grands musées de l’art moderne, la fondation Guggenheim ; j’emprunterai un masque de « Eyes Wide Shut » dernier chef d’œuvre de Kubrick  et je discuterai avec mon patois « italiano-english » avec son créateur ; Enfin je déferlerai sur le marché de Rialto où je dégusterai quelques fruits qui restent sans doute les meilleurs du monde. Entre temps les pigeons avaient mangé dans mes mains place St Marc et j’avais joué avec les gondoles sur la Lagune. Quelques mois sont passés, je suis maintenant devant mon ordinateur, le dernier grain de sable est bien tombé mais je rêve toujours au pays de Venise et ses merveilles….

La  lagune joyeuse au mille et une œuvre d’art

Ville musée, protégée par l’envahissement automobile, comme un jardin secret. Son architecture, une des plus belle de toute l’Europe où chaque pierre posée a été réfléchie et travaillée. Tout pour accueillir au mieux l’art dans toute sa magnificence. Pourtant, il serait faux de croire que depuis sa naissance les habitants imaginés ce que serait La Venise « culturelle ». Ils ne pensaient qu’à réussir à construire un îlot sur de la  boue et de l’eau. Ils réfléchirent et bâtirent des édifices autour du Canal Grande de plus quatre milles cinq cent mètres de long et quarante à soixante dix mètres large. Ces maisonnettes, ne dépassant jamais deux étages,  étaient construits sur des pilotis. Elles étaient faites de telle manière que toute les habitations soit le plus légères possible et puisse avoir deux sorties une vers la mer et une vers la terre. Plus de trois milles ruelles et quelques grandes places telle la Basilique St Marc bornée par La Tour d’Horloge, prolongée par La Piazzetta et le Palais des Loges. Une cité « de rues canaux » et « de places bassins » reliée par de petits ponts et traversée grâce aux nombreux bateaux et aux mythiques gondoles.

Cette ambiance et ces agencements bien particuliers créent un univers labyrinthe, mystérieux et original qui donne à chaque passant l’impression que tout n’était qu’une illusion. Cette incandescence va transformer une ville en péril en une ville festive et faire place petit à petit à l’art dans toute sa grandeur.

Tout à commencer par les cérémonies religieuses en l’honneur des saints, des rois, puis de grands Comtes. La cité des doges a accueilli de St Marc, patron de la ville, à Napoléon Bonaparte. Mais les manifestations ne se limitaient pas à la place Saint Marc, elles étaient aussi plus personnelles et plus extravagantes. Avec le carnaval de Venise, remontant à plus de dix siècles en arrière et qui s’étendait sur six mois, cette réjouissance prônait la liberté totale et attirait de nombreux artistes près à être accueillis par un peuple ouvert à tous les plaisirs.

Venise était la ville des théâtres, de l’Opéra, des salles de concerts, de bals, de cafés et des courtisanes. Durant le moyen âge à la sérénissime, les plus grands ont offert leurs plus beaux artifices. Fermons les yeux un instant. Traversons ensemble cette presqu’île sous la musique de Gabielli, verdi et Monteverdi ; prenons nous au jeu des batailles acharnés des garçons de Castelo et de Dorsoduro sur le pont de Pugni, déguisons en Arlequin ou en Pantalon de  la Comédia  dell’Arte ; installons rien qu’une fois à l’intérieur de la salle Fenice, la plus grande salle acoustique du monde récemment rénovée et apprécions l’opéra Don Giovanni di Mozart ; admirons enfin les nombreuses de peintures, de fresques et de sculptures parcourant les siècles et les tendances, de Titien à Bellini.

Dès lors, je suis installé, à la place de Balzac, au café Florian, j’ai les yeux grands ouverts, je comprends pourquoi je n’arrive pas à parler, à arrêter de tourner ma tête et à tendre l’oreille aux moindres curiosités de « cette cité excellente (…) si unique au monde et si étrange qu’elle semble le produit d’un rêve. » ( citation de J del Encima).

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