Sous le soleil  la salmonel’ose !!  

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« Tombouctou, 52 jours en chameau ». Cet Écriteau bien connu indique l’entrée de Zagora, dernière étape de mon circuit du Sud marocain. Malgré ma curiosité, je ne l’ai jamais vu et je ne le connais qu’à travers mes lectures. C’est la conséquence d’un petit accident de parcours. Pourtant…tout a si bien commencé. Je pars en amoureux pour une semaine de détente et de découverte bien méritée. J’ai choisi la facilité et le confort : le voyage organisé pour profiter au maximum de mes vacances. Mon premier jour, Je découvre Marrakech, une ville royale ; de la place Djena el fina aux souks, je côtoie les traditions ancestrales marocaines. Deuxième et troisième jour, je fais 250 kilomètres pour rejoindre Ouarzazate, où j’admire les paysages les plus variés, de l’aridité des flancs à la verdure des champs. Mon quatrième jour, j’atteins la vallée et les gorges de Dadès. Je prends le thé coutumier à la menthe après avoir visité la célèbre Kasbah de Glaoui ; enfin je parcours une série de Ksour et des troglodytes le long de l’Oued Dadès et de ces vallées. Après avoir traversé les gorges du Dadès, nous passons une nuit à belle étoile en plein désert pour parvenir à notre prochaine et ultime étape : Zagora, une des villes les plus chaudes du Maroc.

Arrive le cinquième jour au matin. Sous une tente noire berbère, les mains moines et le corps en sueur, je compris que mes vacances seraient interrompues momentanément. Enfin je sais ce que je croyais. A 40 degrès de fièvre, mon désir était de me soigner très rapidement pour rejoindre mon groupe le plus vite possible. Le guide décide d’appeler un docteur et de nous récupérer moi et  mon ami, David (qui était venu avec moi) plus tard…A ce moment là, je ne savais pas où j’étais tombé et ce qui allait m’arriver.

J’attends péniblement sous ce halo de chaleur qu’arrive le médecin. Je sens mon corps se nouait en deux et j’ai des crampes d’estomac à n’en plus finir. Mais c’était mes vacances et je suis persuadé que je n’ai à faire qu’à une simple « tourista » (petit dérangement intestinal lors d’un changement de nourriture radical), dû sans doute à la dizaine de tagines ingurgités, soit un à chaque repas. En effet, le tagine est un plat typique mais aussi unique et obligatoire si on a faim ! D’ailleurs le médecin me le confirme, j’ai bien la « turista ». Malgré son diagnostic, je ne  suis pas moins malade et plus rassuré. Celui-ci ressemble plutôt à un marabout qu’à un véritable médecin. Il louche, à un bâton à la main et un sac en peau qui lui sert de fourbis pour ranger ces instruments. Son charabia franco-arabe n’en arrange pas les choses. Mais, je me persuade malgré tout de ces qualités reconnues et demande à mon ami de chercher une pharmacie pour prendre les médicaments prescrits. Quatre heures plus tard, David revient enfin avec un sac à la main. Je ne l’attendais plus. Après avoir récupérer, il me narre en détails son aventure. Il parcoura dix kilomètres à pied pour atteindre la ville et trouva finalement une sorte apothicaire, vendant plus de potions que des médicaments.

La nuit tombe et après la prise des médicaments, rien n’y fait. David commence aussi à avoir de la fièvre. Nous décidons de rappeler le médecin pour nous ausculter, cette fois mon copain et moi. Toujours le même verdict, une indigestion. Mais vu notre état préoccupant, nous lui téléphonons une troisième fois. Dans la situation où nous nous trouvons, pales, affaiblis, fiévreux, mon ami demanda tout d’un coup à ce praticien douteux « on va guérir ? ». Il hoche la tête et sourit, puis il dit  « Inch’ allah », qui signifie « Si Dieu le veut ». Ce n’était ni « oui », ni « non » ni peut être ; c’était une expression courante marocaine qui ne nous rassure en rien et où nous devions laisser notre sort à Dieu. Ces dernières paroles de cet homme pieux, nous donna envie de partir le plus rapidement possible de ce bled perdu. Plan A, « sauver nos vacances », et cela pour l’instant était impossible. Plan B « sauver notre peau », et cela le plus rapidement possible. Je prends les mesures qui ce doit et appelle Europe assistante. 15 minutes en ligne, à 2 euros la minute, pour créer un dossier. Finalement, une hôtesse me répond qui faut se diriger vers Ouarzazate pour être soigné correctement et nous dit très joliment à « très bientôt ».  Une évidence peut être, mais surtout une solution problématique et même critique « comment trouver une ambulance qui parcourait près de deux cent cinquante kilomètres dans un désert où il n’existe qu’un seul marabout pour soigner l’ensemble de la  population ? » Nous traversâmes ces centaines de kilomètres dans une sorte chariote, avec 41 degrés de fièvre, pour arriver finalement à l’Hôpital de Ouarzazate, sans toit ni lois, où  leur seul remède était les piqûres spasmodique à volonté, acheté par le malade à la pharmacie du coin.

Finalement, nous avons fini nos vacances complètement drogués. Nous avions compris seulement quelques jours plus tard, arrivé en France, que nous n’étions pas du tout guéris et que  nous avions attrapé la salmonellose, une bactérie intestinale pouvant être mortelle. Maintenant, croyez moi ou non, la petite partie placée toujours en fin de guide, appelée « Règlements et précautions sanitaires », je la connais par cœur et elle me parait beaucoup moins facultatif  et abstraite après cette expérience. C’est cela même qui m’avait recommandé pour ce dernier circuit marocain d’éviter les légumes crus, l’eau minérale et d’avoir une trousse de médicaments prête à l’emploi. Après cette anecdote scabreuse, je me permets de vous avertir sur l’importance des risques pour votre santé et je vous conseille vivement de prendre en compte les recommandations adaptées et de vous prémunir des accessoires et vaccins adéquats pour votre prochaine virée dans de nouvelles contrées. L’autre alternative est plus simple mais beaucoup moins sûre. D’ailleurs, elle se résume par la formule magrébine, cent et une fois entendue au cours de mon périple, « Incha’allah » !!

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